CÉCILE MATTON
Cécile fut conduite au parfum par la chimie, à la création par une famille d'aventuriers. Si de longues études de pharmacie ont conduit Cécile aux portes de la parfumerie, le Zaïre fut le terreau de ses sens développés. Cette parcelle de l'Afrique Noire qu'elle habita enfant, façonna l'imaginaire de Cécile en une terre bigarrée : les bancs de sable, la terre rouge et la végétation d'un vert intense furent le théâtre de souvenirs sensoriels puissants. Le pain archi blanc acheté à la sortie de l'école, les boubous et la monnaie imprégnés de la même odeur d'angélique, l'appel d'air chaud à la sortie de l'avion, ...
De cette croissance au bout du globe, Cécile conserve une énergie un peu foldingue qu'elle distille dans ses deux arts : les bijoux et les parfums. Elle dessine, polit, sertit. Sous ses doigts agiles c'est un véritable bestiaire qui prend vie avec entre autre le collier serpent, la broche araignée et la bague "Ver de terre qui traverse l'autoroute".
En parfum, Cécile instille une énergie fruitée, sensuelle et gourmande. Elle aime par exemple travailler l'Orcanox, cette matière boisée, comme débarrassée de son écorce, pleine d'une sève qui pétille. Elle aimerait d'ailleurs pousser plus loin la sensualité. Tel Jean-Baptiste Grenouille, mais "sans tuer personne", Cécile voudrait ajouter à son arc un musc lisse et doux comme la peau, addictif, capable de conduire à l'amour.
Car la parfumerie de Cécile raconte une vie croquée à pleine dent. Et c'est ainsi que ses créations pétillent de convivialité. Un bois sur fond de jungle, un mojito touillé au crayon de papier, ...
Une atmosphère festive et un bouillonnement olfactif qui pourraient illustrer un des adages de cette hyper active capable de se ressourcer en dépensant librement son temps avec ceux qu'elle aime: « Buller n'est pas gâcher » !